Du mythe à la réalité
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La pression de la perfection

Avoir une vie parfaite à 30 ans

Je ne suis pas du genre à avoir l’obsession de la perfection. En tous cas, je ne pensais pas l’avoir. Jusqu’à ce que je commence à regarder de plus près les différents articles publiés sur ce blog depuis son commencement et que je sois frappée de voir combien l’idée de la perfection y revenait systématiquement.

Je parle souvent de « pression » associée à la trentaine. Il est vrai que la société fait reposer sur les jeunes trentenaires des attentes toujours plus hautes. On s’acharne à les faire rentrer dans des cases : à 30 ans, il faut être comme si, avoir déjà accompli cela. Mais ce qu’il faut également souligner, c’est combien les trentenaires se font eux-mêmes les complices de cette pression. En visant le toujours plus, le toujours mieux, le toujours plus vite… en un mot, en se lançant dans une course effrénée à la perfection.

Je vous ai ainsi parlé d’être la femme parfaite, la mère parfaite, la personne qui organisera la fête d’anniversaire parfaite, avec les cadeaux parfaits. Soit tous ces éléments qui composent le « pack du trentenaire parfait« .

Celui qui est parfait, c’est celui qui est présent sur tous les fronts

Au-delà de la perfection physique ou morale, j’ai l’impression que ces dernières années un nouveau culte s’est développé. Le culte de celui qui « fait tout ». C’est-à-dire celui qui est capable de gérer vie familiale, vie professionnelle et loisirs, tout le temps, sans jamais renoncer à rien. La journée-type de cette personne parfaite consiste à se lever vers 5h du mat (merci le Morning miracle), faire son yoga pour éveiller son corps et son esprit, ensuite lire, écrire quelques pages, aller au travail à vélo, travailler peu (mais bien), puis, après avoir été au sport le midi, manger son repas bio qu’elle aura préparé elle-même la veille au soir, animer ensuite une réunion en utilisant les méthodes agiles (c’est à la mode), aller boire un verre avec ses potes puis dîner en famille dans sa grande maison bien astiquée et à la déco tendance, tout en planifiant son prochain week-end à l’étranger.

Vous l’avez compris : cet idéal est celui d’un fourmillement continu d’activité : il faut pouvoir tout faire, être partout, tout le temps. Sans jamais faire de concession sur la qualité ou la quantité.

Le problème c’est que cet idéal n’est pas tenable. Contrairement à ce que nous vendent les réseaux sociaux, où l’herbe paraît toujours plus verte et la vie du voisin paraît toujours plus remplie, plus merveilleuse. Vous pouvez toujours tenter de tout faire, de tout être, mais vous allez vous épuiser bien avant d’atteindre un résultat probant.

La course après le temps

Après la recherche de la perfection, celle du tout avoir, du tout être et du tout faire, la quête ultime de ce tournant de la vie qu’est la trentaine devient rapidement la quête du temps. Le temps et sa maîtrise comme conditions nécessaires pour atteindre ces idéaux illusoires.

Regardez : combien de fois avez-vous dit ou entendu cette phrase « Moi, je n’ai pas le temps pour ça ». Cette phrase a le don de m’énerver. Le jour où j’ai compris pourquoi, j’ai arrêté de la prononcer.

Dans notre société actuelle, paraître très occupé, c’est se donner de l’importance. On court après les gens, après les choses, mais surtout après le temps. Du temps, on n’en a jamais assez. Alors quand on croise un individu qui nous paraît trouver le temps pour la plus futile des futilités (ou en tous cas pour quelque chose que l’on se refuse à soi-même – cf n’importe quel item dans la liste d’activités ci-dessus), on se dit qu’il y a vraiment des injustices dans ce monde.

Ce « je n’ai pas le temps pour ça » est une phrase de frustré. C’est aussi simple que ça.

Comment faire pour « avoir le temps »

Je tiens deux blogs. Je travaille. A plein temps. Sans compter mon deuxième job. Et j’ai aussi une vie de famille, un enfant, des amis, des loisirs et tout un tas de projets en cours que je ne détaillerai pas ici… Pourtant, je vais vous révéler un grand secret : mes journées ne font que 24 heures.

Comment c’est possible ? Et bien c’est simple : je fais des choix. C’est tout. Alors bien sûr, il y a aussi une partie d’obligations à remplir, mais le reste ce sont des choix à faire. Les choix interviennent là où les obligations s’arrêtent.

Choisir, c’est renoncer. Et finalement, c’est peut-être ça la seule et unique leçon à retenir de l’âge adulte. Quitter l’enfance, c’est comprendre que l’on ne pourra pas tout avoir, tout être, tout faire. En tous cas… pas tout en même temps.

Cette prise de conscience m’amène doucement à réévaluer mes choix. Elle est nécessaire, car je me suis largement épuisée ces derniers mois. Je dois renoncer à certaines choses. Pour choisir d’en faire d’autres.

30 ans : l'heure des choix

Dans la vie, il faut faire des choix. On ne peut pas tout être et tout avoir en même temps

Ces choix que j’ai faits

Les choix de cœur

J’ai choisi de continuer à animer ce blog. Parce qu’il me tient à cœur et que ce projet n’est pas encore tout à fait fini. Je sais aussi qu’il aura une fin et désormais, je sais quelle sera cette fin. En attendant, j’ai levé le pied, aménagé le rythme de publication, afin de pouvoir souffler un peu. Et de continuer à y prendre plaisir.

J’ai aussi choisi de continuer à développer mon deuxième blog, parce que c’est un « loisir complet », qui m’apporte aussi énormément de choses humainement.

Par contre, j’ai un peu ralenti mon activité sur les réseaux sociaux. Quand on tient 3 comptes Instagram, 3 comptes Twitter, 4 pages Facebook, etc… : soit ça devient un travail (et l’aspect « plaisir » en prend un coup), soit on devient schizo, soit on choisit de ralentir. J’ai hésité entre les deux dernières options et finalement, j’ai préféré ralentir.

Les choses auxquelles j’ai renoncé

Je ne suis pas une mère parfaite. Encore moins une « mère courage ». Ni même une mère gaga. Ce que je veux dire, en clair, c’est que même en ayant un enfant, je m’autorise à faire des choses pour moi. A sortir. A voir des copines. Sans mon enfant. Oui oui. Parce que j’en ai besoin. Et envie. Heureusement, si je peux me permettre cela, c’est parce que mon enfant a déjà une maman poule à la maison : son papa. J’y trouve donc mon compte, sans que cela soit vécu comme un abandon par mon fils. Mais c’est un équilibre fragile, auquel je suis particulièrement vigilante.

Par ailleurs, il y a de nombreuses choses que j’adore faire mais que j’accepte de ne plus faire autant qu’avant. Parce que je préfère consacrer plus de temps aux choses que j’aime encore plus. Une liste non exhaustive : aller au cinéma, cuisiner, prendre des bains, binge-watcher mes séries préférées, faire la sieste ou même simplement buller, me détendre…

Les nouveaux choix

Parmi les choix que j’ai réévalués ces dernières années, il y a eu la lecture. J’avais renoncé à lire des livres il y a quelques années, un choix qui m’a valu à l’époque les regards méprisants de certains collègues de boulot et la considération navrée d’une partie de ma famille. Mais c’était un choix réfléchi, qui correspondait à mon mode de vie, à mes envies du moment. Et puis, tout a basculé quand j’ai découvert un auteur particulier, « mon » auteur, qui m’a redonné le goût de la lecture. Aujourd’hui je prends plaisir à dévorer des livres de toutes sortes.

Dompteurs d'anges sur Instagram

Lire… et prendre un peu de temps pour soi

Depuis le début de l’année, j’ai ainsi lu une bonne douzaine de bouquins, de tailles diverses. J’ai lu avec passion ceux de « mon » auteur et j’ai aussi apprécié les romans policiers reçus dans le cadre d’un partenariat avec les éditions Robert Laffont. Au début, je les lisais uniquement dans les transports en commun et puis je me suis même mise à les lire au lit, tellement j’étais accro. Les deux premiers policiers, Les filles des autres et Dompteur d’anges, m’ont tenue en haleine pendant plusieurs semaines, quant au troisième, Projet Anastasis, je viens de le commencer et j’ai déjà du mal à le lâcher.

Un autre choix que je souhaite faire est celui de voyager. J’ai passé quelques jours à l’étranger en début d’année et cela m’a rappelé combien les voyages étaient une expérience nécessaire. Quatre jours passés à visiter un pays lointain resteront largement supérieurs en terme d’éveil et d’enrichissement à tout ce qui pourra suivre pendant le reste de cette année. Je compte donc mettre en oeuvre les moyens idoines pour développer cet aspect de ma vie dans les prochains mois / années. Il n’y a qu’à voir ma bucket list pour avoir une idée du programme !

Les choix qui vont s’imposer à nouveau

Il y a certains choix que j’ai faits il y a déjà pas mal de temps et que je vais devoir aujourd’hui réévaluer. Le principal concerne le fait que je ne prends pas du tout soin de ma santé. Mon corps, mon temple, gnagnagna. Quand on me demande « comment trouves-tu le temps de… » ma réponse toute faite est « je ne fais pas de sport ». En général, ça suffit à clouer le bec de mon interlocuteur. Pourtant, j’ai de plus en plus conscience que ce choix est un mauvais calcul, surtout sur la durée. J’ai beaucoup de chance d’avoir de base une santé de fer. Mais il paraît que le corps, ça s’entretient gnagnagna.
Un jour, je grandirai. Un jour, je serai raisonnable. Peut-être.

 

Pour conclure

Ces choix sont conscients et assumés. Même s’ils ne sont pas définitifs pour autant.

Et vous, y a-t-il des choses auxquelles vous avez sciemment renoncé ? 

10 Comments

  1. Je te rejoins complètement sur l’idée que devenir adulte, c’est comprendre que l’on doit faire des choix. Et les tiens, et le fait que tu les assumes, me paraissent tout à fait respectables!
    J’ai l’impression que beaucoup de personnes ne prennent pas la décision constante, naviguent à vue, et c’est de là que vient cette frustration et cette rancoeur, ce « je n’ai pas le temps pour ça », qui dit que « nous » on a des responsabilités, des choses sérieuses à faire, pas de temps pour ce qu’ils considèrent comme des loisirs et des moyens de s’évader… Mais tout est toujours une question de choix dans la vie 🙂
    Je n’ai pas encore défini précisément quels seraient ces choix, mais c’est encore en cours de construction!
    Et je suis ravie que ce blog asse encore partie de tes priorités! 🙂

    • Merci Julia 🙂
      Et c’est exactement ça : ce qui m’énerve dans le « moi, j’ai pas le temps pour ça », c’est le jugement implicite contenu dans cette remarque…

  2. Super article, très intéressant! Je me retrouve beaucoup dans le fait de devoir renoncer à certaines choses et à 23 ans ce n’est pas toujours évident à accepter 🙂

    Belle journée

    Laurie

    • Je crois que ce n’est simple à aucun âge mais il n’est jamais trop tôt pour arrêter de dire « moi, j’ai pas le temps pour ça ! »

  3. Je te suis (discrètement) depuis plusieurs mois (en fait depuis Janvier puisque cette année, je vais avoir…30 ans et je le vivAIS mal) et cet article est un de ceux que je préfère !
    Tu as tellement raison sur ce fameux : « Je n’ai pas le temps ». Le temps, comme tu l’écris si bien, c’est pour tout le monde pareil et pourtant, certains arrivent à réaliser tant de choses quand d’autres préfèrent faire les choix « faciles ».
    Régulièrement, j’entends des personnes me dire « moi, je n’ai pas le temps de faire autant de sport que toi » sous-entendant « c’est donc normal que tu sois plus mince alors que moi, je galère avec mon poids ». Ça a le don de me mettre en rogne et c’est tout à fait pour les raisons que tu expliques ! Je fais des choix et parmi ces choix il y a celui de faire du sport 5 fois par semaine (et c’est pas tous les jours simple ou agréable ! loin de là !) et de manger très équilibré en me faisant plaisir de temps en temps.
    En tout cas, merci pour ton blog, il m’a vraiment permis de relativiser sur cette fameuse année « charnière » et aujourd’hui, je me sens tellement bien et heureuse d’être trentenaire ! 🙂

    • Eh bien merci Charlotte pour ce premier commentaire ! (pas le dernier j’espère !)
      Je suis heureuse de voir que cet article (beaucoup, beaucoup trop long) est lu jusqu’au bout (et apprécié en plus ?!)
      Et ce qui me fait encore plus plaisir c’est que nous partagions la même opinion alors que nous avons fait des choix à priori très différents 🙂 Mais là où nous nous rejoignons, c’est sur le fait de les assumer !

  4. J’avoue j’ai le problème inverse. N’ayant pas l’intention d’avoir des enfants, ne pratiquant pas de sport (et c’est pas glorieux) et travaillant à mi temps: j’ai du temps que je rentabilise à bon escient. Mon soucis c’est que du coup je passe pour la grosse glandeuse de service qui n’en fout pas une rame. Ou qui passe sa vie sur des jeux vidéos.

    Pourtant, ma maison n’est pas magique, rien ne se nettoient seul! Et je ne passe pas ma vie sur mon ordi non plus :p

    • Quoi que l’on fasse et quelle que soit la manière dont on occupe son temps, il y aura toujours quelqu’un pour nous traiter de « glandeuse » ! Je t’avoue que parfois, plutôt que de chercher à tout prix à démentir, ma parade consiste à forcer le trait en ce sens (genre « je suis la glandeuse ultime ! ») et au final les gens sont contents d’eux (c’est toujours le cas quand on colle à un stéréotype : les gens sont ravis de nous avoir « cerné ») et me fichent la paix.

  5. Ton article est bien écrit, intéressant et très juste. Je pense aussi que cette pression vient pour beaucoup des réseaux sociaux et de la comparaison permanente à laquelle on se soumet/que l’on s’inflige.

    • Je suis complètement d’accord avec toi ! Les réseaux sociaux invitent à la comparaison permanente tout en n’affichant qu’une partie « fantasmée » de la vie de chacun… et donc pas la réalité !

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