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Retour à l’Âge de pierre (ou la vie sans internet)

Raquel Welch en femme préhistorique sexy

Ouf. Je revis. Je suis revenue il y a peu après un mois de vacances… sans internet. Chaque été, c’est la même chose. C’est un peu mon Koh lanta à moi. Je dois tenter de vivre sans internet (ou presque)… et sans devenir folle.

Quand on a 30 ans (ou presque), on a connu l’Âge de pierre, enfin je veux dire, la vie telle qu’elle était avant la révolution numérique.
On a utilisé des encyclopédies, fréquenté des bibliothèques, regardé la télévision… Tout un tas d’activités qui nous demandaient des efforts et que l’on peut réaliser aujourd’hui d’une simple pression du doigt sur son smartphone. Ce qui rend le retour en arrière d’autant plus douloureux.

J’ai donc passé mes vacances dans le fin fond du Cantal, là où j’ai grandi, dans un endroit bucolique situé entre deux vaches et une botte de foin. J’ai résidé dans un gîte rural au confort spartiate. Entendez par là sans ordinateur, sans modem, sans wifi et sans… 3G. Bref, j’ai vécu coupée du monde pendant un mois.

Je me suis trouvée projetée 15 ans en arrière. Un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître (ou presque)… Un temps où l’on vivait… sans internet.

Si si, ça a existé. Souvenez-vous.

Raquel Welsh en femme des cavernes

Selfie pris dans mon gîte cantalien

 

Vivre sans Internet en 2014, ça donne ça :

Tout d’abord, vous arrivez en vacances l’esprit tranquille, libéré de toute obligation. Vous êtes zen, détendue… jusqu’à ce que vous vous rendiez compte qu’en plus de ne pas proposer internet, le gîte dans lequel vous allez devoir vivre (survivre ?) est situé dans une zone non couverte par la 3G. Passée l’incrédulité initiale, vous essayez par tous les moyens de capter un bout de 3G. Vous faites le tour de toutes les pièces, montez sur tous les meubles, vous vous mettez dans des positions que même le Cirque du Soleil n’oserait envisager, tout en regardant du coin de l’œil la batterie de votre smartphone qui se vide à vitesse grand V. Vous le sentez chauffer entre vos petits doigts fébriles. Vous insistez quand même.
Vous commencez vos vacances par 2 jours de migraine et ne pouvez même pas tweeter de remarque spirituelle sur les méfaits des ondes sur la santé.

Philosophe, vous décidez alors de mettre à profit ce moment de déconnexion totale et forcée pour vous aérer le corps et l’esprit. Vous projetez une balade dans les jours qui suivent et projetez de consulter la météo pour savoir comment vous habiller suivant le temps prévu. En l’absence d’internet, vous organisez tout votre agenda de la journée en fonction de l’heure de diffusion de la météo à la télévision. Puis vous ratez ladite météo. Plusieurs soirs d’affilée.
Au final, vous choppez des coups de soleil ET une angine.

Malgré tout, la randonnée vous fait du bien. En effet, arrivée au point culminant, vous en profitez pour tenter de capter le réseau en loucedé. C’est alors que vous apercevez, après plusieurs minutes de chargement de l’application Facebook, que Machinette à « changé sa photo de profil ». Évidemment, la photo de profil en question ne s’affichera jamais… Vous passez donc le reste de la rando (et de vos vacances) à vous demander ce qui a changé chez Machinette (sa coupe de cheveux ? sa coiffure ? son bronzage ? …son mec ?). Le suspens vous tue.

Le ballon Wilson

Heureusement, pendant les vacances, je me suis fait un nouvel ami.

Après toutes ces émotions, vous décidez que le grand air, c’est fini pour vous. Vous restez à zoner à l’intérieur. Vous essayez de vous adonner à une activité intellectuelle. Comme lire. Ah ben non, vous avez fini tous vous e-books et ne pouvez pas en charger d’autres. Écrire alors ? Vous rédigez un article magnifique pour votre blog, à faire pâlir d’envie Proust et à faire pleurer Nothomb (de jalousie, s’entend). Il faut que vous le publiez. Tout de suite.
Devant l’impossibilité de le faire, vous tombez dans une profonde mélancolie et vous dites que votre blog ne passera pas l’été.

Votre vocation d’écrivaine/blogueuse frustrée, vous décidez de vous tourner vers des taches domestiques plus utiles. Vous décidez de lancer une machine. Perplexe devant le Superlavelinge 1978, vous décidez d’en chercher la notice sur internet. Encore une fois, vous ne réussissez pas à afficher sur l’écran de votre smartphone autre chose que la liste des résultats de recherche Google. Vous finissez par faire votre lessive à la main.

Pendant que vos vêtements tentent de sécher, vous décidez de prendre la voiture pour aller faire du shopping dans la seule boutique du coin (située à 10 km). Vous redécouvrez alors le plaisir de faire les magasins en vrai (non mais je veux dire physiquement, quoi !). Au moins, le temps de faire 3 aller-retours à la cabine d’essayage, vous voilà occupée pour une bonne partie de l’après-midi. En sortant de la boutique, vous apercevez un flashcode sur le ticket de caisse, permettant de gagner 50 000 euros. Vous ne pourrez pas le flasher. Vous ne pourrez pas gagner 50 000 euros.
Vous vous dites pourtant que vous auriez pu faire plein de choses avec 50 000 euros. Comme louer un gîte avec internet.

En revenant, vous sautez au plafond en vous apercevant que votre iPhone a chargé vos mails lors de votre trajet en voiture. Vous avez dû passer près d’une zone de civilisation (!?) sans le savoir.  Impossible cependant d’afficher le contenu des mails. Vous enragez comme un lion en cage.

Résolue à vivre comme il y a 15 ans, vous décidez de marcher 3 km jusqu’à la librairie la plus proche. Là, vous dépensez 1 euro pour acheter une carte postale moche. Vous marchez à nouveau 3 km pour revenir chez vous. Vous cherchez ensuite un crayon dans toute la maison puis passez 5 min à essayer de raviver l’encre qui a séché à l’intérieur. Vous cherchez un autre crayon. Puis prenez votre plus belle écriture pour rédiger des banalités à l’attention de la copine à qui vous aviez promis de donner des nouvelles. Vous vous rendez alors compte que le bureau de poste est situé à côté de la librairie. À 3 km.
Tout ça alors qu’un mail aurait amplement suffi.

 

Carte postale du cantal

La magnifique carte postale que j’aurais voulu vous adresser, chers lecteurs

 

Les semaines s’étirent péniblement. Un jour, alors que vous avez un besoin vital d’une information, là, maintenant, tout de suite, vous montez d’un pas résolu au plus haut point de la maison, vous contorsionnez dans tous les sens le téléphone à la main et le bras tendu pour essayer de capter du réseau 3G.
Tout ça pour vous rendre compte au bout de 15 min d’efforts acharnés que vous avez oublié quelle information vous cherchiez.

Ah si. Un numéro de téléphone. C’est ça que vous cherchiez.  Vous n’avez plus qu’à ressortir le bottin. Et vous rendre compte qu’il date de 1995.
Faites alors une estimation grossière : si vous prenez l’âge du Bottin et que vous le rapportez à l’âge moyen de la population des environs… alors oui, 97% des gens listés dedans sont probablement morts à l’heure qu’il est.

Appareil photo préhistorique

La vie sans Instagram

Heureusement, tout ne fonctionne pas via wifi, même de nos jours. Votre chat, par exemple. Allez, il mérite un gros câlin… et puis il est tellement beau. D’ailleurs vous le prenez en photo. Et le cliché est magnifique. Vous imaginez d’ici les commentaires dithyrambiques qu’il va recevoir sur Instagram.  Et puis vous réalisez qu’à part vous (et Minou), personne ne verra jamais cette photo. Vous comprenez alors la triste vérité : vous allez mourir seule (avec votre chat).

Vous vous sentez de plus en plus recluse. En plus, il fait froid. Alors que la température frôle les 16 degrés en plein mois d’août, il vous vient à l’esprit une solution magique. Vous lancez le navigateur internet et attendez simplement que Google s’ouvre, ce qui vous permet de vous servir de votre iPhone comme d’une chaufferette pendant les 10 min qui suivent.

Vous en profitez pour vous coller devant la télévision. En l’absence de box TV, vous vous retrouvez avec un choix restreint de programmes. Mais vous tombez bien, il y a un film avec Machin.
Machin… Oui d’abord, c’est quoi le nom de cet acteur ? Pourtant vous l’avez vu dans… Dans quoi déjà ? Zut. Vous l’avez sur le bout de la langue. Vous allez pouvoir profiter des innombrables pauses publicitaires pour chercher sur… ah bah non. Trop tard, de toutes façons, vous n’avez rien suivi du film.

Voilà, ça fait 10 jours que vous n’avez pas checké vos mails. Alors que vous passez à côté d’un hotspot wifi, vous recevez d’un coup 124 spams. Et là, vous réalisez subitement que vous n’avez pas vraiment d’amis.

 

Conclusion : Heureusement que le gîte était équipé d’un lave-vaisselle, sinon là, je perdais carrément la boule.

 

Et vous, de quand date votre dernière détox internet ?

8 Comments

  1. J’ai eu la même sensation cet été, mais à l’étranger, j’ai amèrement regretté de ne pas avoir souscrit le forfait spécial de mon opérateur. Heureusement pour ma santé mentale, j’arrivais parfois à capter un peu de wifi. Quand l’avion c’est posé en France, j’ai fait la dance de la 3G. Je te laisse imaginer la tête des autres passagers. Je me dis juste des fois…Comment on fessait avant…

    • Je sais pas, peut-être que nos aïeux faisaient eux aussi la « danse de la radio » quand ils arrivaient à capter quelque chose sur leurs postes…?

  2. anatolie says

    moi, j’ai passé une semaine dans un gîte près d’Ambert avec ma famille au sens large (on était 15). Sans internet. Les 2 ados ont eu un peu de mal au début mais finalement on a bien profité des uns et des autres, marché, fait la cuisine, et plein de jeux de société. Bref, on s’est régalé! Par contre, pour la météo, on a eu les mêmes problèmes!

    • Moi aussi au final j’ai passé de bonnes vacances. Mais c’est vraiment pour les petites choses pratiques qu’internet m’a surtout manqué…!

  3. anatolie says

    Rien à voir avec l’âge de pierre mais tu parles du cirque du soleil, si tu aimes le cirque, il y a le cirque plume qui fête ses 30 ans cette année. Le spectacle s’appelle « Tempus fugit ». J’aime bien ton blog: le rose, l’humour et le sujet de tes billets.

    • Je ne connais pas le cirque plume… mais du coup je serai plus attentive si je le vois près de chez moi !
      Merci pour les compliments sur mon blog ! Si tu aimes, « spread the love », comme disent les anglais (= parles-en autour de toi) 😉

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